L’invisible influence jaune
L’invisible influence jaune sur les élections européennes
Les journalistes et observateurs qui débutent leur commentaire sur la participation aux élections européennes 50, 12% par « contre toute attente » n’ont rien compris à la re-politisation des français : cette participation était attendue. Il suffisait de suivre les commentaires des Gilets Jaunes pour comprendre que la majorité des Groupes sur Facebook appelait à voter en masse pour contrer le défi binaire lancé par le Président de la République « Moi contre le RN ». Les consignes de vote étaient : « voter pour le parti qui a le plus de chance de battre Emmanuel Macron », et nombre de votes RN sont sans doute dus au suivi de cette consigne, vote sanction, vote utile, plus qu’à une conviction politique. Partis bien trop tard dans la campagne et contre l’avis de la majorité des Gilets Jaunes de ne pas former de groupe politique, les « partis jaunes » ne pouvaient pas émerger dans un contexte contraire, toutes les tentatives de s’ancrer dans la vie politique rejetées avec violence. Francis Lalanne avec Alliance Jaune pourtant 100% GJ l’a appris à ses dépends : on ne décide pas à la place des Gilets Jaunes. L’influence des Gilets Jaunes a pesé sur la participation, mais de façon masquée. Six mois de révolte populaire soutenue par la majorité des français qui ne se traduit pas dans les urnes. Certains, comme François Boulo, avocat à Caen et mentor GJ, préfèrent laisser murir le mouvement pour d’autres échéances électorales. Suivre l’évolution de la plateforme La ligne Jaune. Dèja des commentaire sur les sites GJ les plus combatifs laissent filtrer une volonté de trouver d’autres voies. “C’est clair ça fait 6 mois que ça dure on en est toujours au même stade Macron lui il s’en fout il va toujours bouffer dans ses restaurant honnêtement ça ne lui perturbe pas sa petite vie alors faudra peut-être qu’on change de tactique.” (Caro)
Bye Bye baronnies LR !
Le recul des partis classiques est confirmé, pas une surprise, c’est cette défection qui a permis l’élection d’Emmanuel Macron en 2017. La division gauche droite a fini de marquer la vie politique et de fidéliser les électeurs. Une bonne nouvelle pour les habitants des territoires qui voient depuis des années leur vie quotidienne polluée par une baronnie archaïque d’élus et de maires LR conservateurs qui règnent parfois de père en fils, dont l’arrogance affichée et la non écoute des citoyens fait définitivement partie du passé. Les verts ne sont plus marqués par leur appartenance à gauche. Les commentaires qui parlent de « La surprise écologique » ont sous-estimé la prise de conscience de l’urgence du débat écologiste qui ressortait pourtant clairement du Grand Débat. Le nombre de participants à « La Marche du Siècle », les manifestations d’ «Extinction rebellion », le vert est partout en Europe. Le score non négligeable du Parti Animaliste d’Hélène Thouy donne un signal sur la direction que prend la conviction des français, la protection animale est à tort négligée.
Commentant ce qui est quand même une défaite face à la vague verte européenne, le gouvernement français ne parle pas d’Europe, mais montre une funeste obstination à rester centré sur la politique nationale en affirmant « ne pas changer de cap » . Là où les déclarations des militants LREM démontrent qu’ils sont conscients de la nécessité de changer, les ministres semblent s’enfoncer dans l’attitude de la non écoute des français et de la classe populaire en particulier. Et surtout ils continuent à sous-estimer leur faculté de décryptage des décisions opportunistes et des coalitions factices. «Nous ne sommes pas dupes » du collectif Yellow Submarine qui regroupe ds créateurs, est un titre qui pourrait résumer la désapprobation du peuple envers ses gouvernants : « La violence la plus menaçante est économique et sociale. C’est celle de ce gouvernement qui défend les intérêts de quelques-uns aux détriments de tous et toutes. »
Brune Poirson veut continuer à « expliquer » aux français que le programme écologiste LREM est meilleur que celui d’Europe Écologie Les Verts. Oui, mais les français, par leur vote démocratique, expriment une opinion différente. Seul le premier ministre Edouard Philippe a été clair sur ce qui est factuellement un échec : « quand on est deuxième, on ne peut pas dire qu’on a gagné » et encore« nous accueillons ces résultats avec humilité ». L’ humilité consisterait à consulter, consulter encore, donner aux élus la mission de consultation des citoyens. Tous ne le font pas, trop soucieux de ne pas être en contradiction avec l’exécutif. Les lois défilent, en inadéquation avec le « terrain », avec leurs effets pervers, provoquant frustration et colère. Il en est de même pour l’Europe, quel mode de consultation ? « Le débat européen, ça ne doit pas être tous les 5 ans » a dit Yannick Jadot.
Le futur nouveau monde : vers la décroissance?
Le grand malentendu c’est l’annonce par Emmanuel Macron en 2017 du nouveau monde où la croissance économique est au centre de la réussite nationale, une poursuite du bonheur déjà obsolète quand une partie des plus jeunes sont séduits par un retour à une vie plus simple et un modèle de décroissance illustré par des centaines d’initiatives de la société civile. “La croissance est un médicament qui tue” déclare Nicolas Hulot à Jean-Jacques Bourdin sur BFMTV en mai 2019. « L’enjeu а venir est de revoir radicalement notre relation à la production et à la consommation » c’est ce qu’on compris les Verts et qui pourrait bien incarner le futur « nouveau monde ». On peut lire sur le site EELV “Tout doit Changer” une tribune de David Cormand, Secrétaire nation d’Europe Écologie Les Verts publiée également sur Mediapart : « La question politique essentielle, existentielle, des temps qui viennent est, pour l’humanité — notre civilisation humaine — d’apprendre enfin à habiter la Terre sans se détruire et sans la détruire ». Barbara Stiegler est professeure de philosophie politique à l’Université Bordeaux Montaigne est interviewée dans Libération le Lundi 27 mai “Ce scrutin ne rend pas compte de ce qui s’est produit d’inouï en six mois». Pour elle :« La richesse des expérimentations sociales qui ont lieu un peu partout, la demande de démocratie des citoyens et la lucidité des jeunes générations sur la nécessité de changer totalement nos modes de vie mérite de trouver une issue politique à la hauteur. Tel est l’enseignement principal que je retiens de ces résultats : que notre vie sociale et démocratique réelle est bien plus riche que la traduction appauvrie qu’en donnent les urnes et que c’est bien cela qui fait problème. »
Lire aussi : Merci les Gilets Jaunes Janique Laudouar sur le Blog de la Ménagère
